Journal quotidien / je réponds


Je pense que le printemps apporte, comme à chaque année, une période de découragement pour plusieurs mamans-enseignantes.  Je reçois plusieurs courriels qui pourraient se résumer à une seule courte phrase :

«Je n’en peux plus!»

Je pense que nous avons tous vécu, au moins une fois, une période où on se questionne sur le bien fondé de notre choix de vie!  Vous savez, un moment où on se demande pourquoi avoir choisi un tel parcours!

Voici quelques phrases que j’ai reçues dans les deux dernières semaines :

  • Mes enfants ne m’écoutent jamais
  • Mes enfants refusent de travailler
  • Mes enfants ne veulent que jouer
  • Mes enfants ne font rien d’autres que jouer à des jeux vidéo
  • Je suis épuisée de répéter continuellement les mêmes consignes
  • Je n’en peux plus de répéter à mes enfants de se concentrer sur la tâche à faire
  • Je me mets en colère continuellement
  • Je perds patience pour tout
  • Je crie chaque fois qu’ils refusent de travailler
  • Je n’ai pas plus de motivation que mes enfants présentement
  • Mon mari me supplie de retourner les enfants à l’école
  • Je suis une mauvaise mère mais une enseignante encore pire
  • Je suis en train de «scrapper» mes enfants
  • Je suis tellement découragée
  • Mon fils a eu 23% à un examen de maths (Décimales) Je suis tellement mauvaise qu’il ne comprend rien.

Je pense avoir pensé la majorité de ces phrases à un moment où à un autre de mon parcours! hahaha  sans blague…

Sérieusement?

Qui n’a pas éprouvé une pointe d’anxiété devant l’échec monumental d’un enfant à un examen quelconque?

Qui n’a pas senti monté un petit élan de frustration devant la fainéantise de certains enfants?

Qui n’a pas éprouvé un sentiment de culpabilité devant l’ignorance de nos enfants par moment?

Qui n’a pas ressenti un sentiment de crainte, de peur, de tristesse, de frustration, etc…  etc…  etc… ?

Je tiens donc à vous rappeler que nous éprouvons, à l’occasion, les mêmes émotions, impressions, sentiments, désagréments, frustrations, découragements, embarras,…  même après 15 ans!  Une fois cette constatation faite, on peut respirer un bon coup et réfléchir à une alternative efficace pour la suite.

On n’arrive à rien à crier, frapper, hurler, maudire, pleurer, gémir…

Il ne faut pas oublier l’essentiel : on n’apprend rien lorsqu’on est anxieux.  On n’enseigne rien lorsqu’on est en colère, frustré ou découragé!  On ne transmet que notre anxiété d’une situation.

Oui…  personne ne peut réellement apprendre lorsqu’on a devant soi une enseignante qui perd le contrôle dès qu’une chose ne se passe pas comme elle le veut.  Personne ne peut réellement apprendre lorsque le climat devient surchargé d’émotions négatives…  peu importe lesquelles!

Il faut donc se retirer…  réfléchir à une nouvelle façon de faire qui apportera le changement que nous désirons voir.

Les mauvais comportements peuvent se corriger…   une mauvaise façon d’enseigner aussi 😉

Il est tout à fait normal de se sentir dépassé par les événements parfois…  mais pas de perdre totalement le contrôle.  Il faut apprendre à « se contrôler » à se donner des outils pour gérer les difficultés au fur et à mesure.

J’ai vécu tellement d’événements pénibles parfois…

Je me souviens d’un événement dernièrement.  On démarrait la journée et les 3 enfants se plaignaient de faire «encore de l’école» ce jour-là.  Tous les trois…  en même temps.  Je vous assure c’était surréaliste d’entendre ça.  On se serait cru au milieu d’une foule en délire!  J’ai senti une vague de découragement monter…  puis de la colère.  J’ai failli répliquer…  je n’avais qu’une envie : hurler!!!!

 

Mais…  mais…  mais…  je ne voulais pas gâcher l’atmosphère, je ne voulais pas me laisser emporter pour si peu en fait, puisque je n’avais pas le goût plus qu’eux d’être là ce matin-là 🙂

Au lieu de m’emporter, j’ai observé la scène tranquillement…

J’ai déposé devant eux les cahiers de dictées…  j’ai caressé l’épaule de chacun…  puis j’ai indiqué la date sur le tableau.  Chaque enfant a ouvert son cahier en poursuivant sa plainte, a écrit la date au coin supérieur de son cahier en poursuivant sa plainte,… puis, curieusement, le silence est venu!

Ils attendaient que je démarre la dictée.  Tout simplement.

Pas un mot n’a été ajouté…  pas de reproches… pas de sermons…  pas de discours inutiles…  rien.

J’avais réglé la situation avec le silence, tout simplement.  Chacun avait dit ce qu’il voulait dire, chacun avait exprimé sa frustration de débuter la classe, chacun avait dit à l’autre qu’il partageait sa déception de ne pas jouer à la place, chacun avait approuvé la frustration de l’autre,…  mais…  chacun avait compris que la classe aurait lieu malgré tout.

Chaque situation problématique à sa solution!  Il suffit, bien souvent, de très peu pour apporter un changement radical dans notre quotidien avec eux.  Il faut prendre le temps de bien cerner le problème qu’on rencontre.  Oui…  prendre le temps…

Voici un extrait d’un courriel d’une maman hier :

« Je fais la grammaire à tous les jours, un jour la grammaire, un jour la conjugaison, un jour le vocabulaire, un jour l’orthographe.  On dirait qu’on ne termine jamais une notion, il ne comprend jamais ce qu’on fait.  Ça va trop vite on dirait.  On dirait que mon année est «scrappe» comment je vais faire pour rattraper tout ça? »

Prendre le temps d’observer…

Quel est le problème : L’enfant n’arrive pas à suivre le rythme proposé.  Multiplier les notions l’embrouille totalement.

Dans cette situation, on pourrait très bien constater que le problème est très simple à régler en fait.  Pourquoi ne pas faire qu’une seule notion « en entier » avant de passer à la suivante!  Qui oblige de faire la grammaire, la conjugaison, l’orthographe et le vocabulaire dans la même semaine?   Rien n’oblige une telle chose!  Rien!  Le programme proposé est là «à titre indicatif» pour l’enseignante…  mais le programme peut aussi devenir un programme imposé par notre «enfant devant soi!»

Je me le répète continuellement : « rien ne m’oblige à suivre un rythme qui ne nous ressemble pas.  L’important c’est de travailler avec constance! »

Des mauvais jours… soupirs…  il y en aura souvent.  Par contre, ils n’ont souvent rien à voir avec les enfants…  hahaha…  NOUS transmettons à nos enfants nos craintes, nos angoisses, notre découragement, notre exaspération, notre anxiété, nos désirs,…  etc.  Il faut apprendre à voir, comme Charlotte Mason le disait, à voir l’enfant comme une «personne».  Non pas dans le sens «d’individu» mais bien dans le sens «individualité propre» avec des goûts, des intérêts, des désirs, des sentiments, des impressions, etc..  qui lui sont propre.  Il a le droit de ne pas ressentir le sentiment d’urgence que nous ressentons devant un travail non terminé, il a le droit de ne pas partager notre désir de réussite dans toutes les matières.

Courage les mamans-enseignantes!!!!

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