Je réponds


«Tu sembles, tout d’un coup, n’utiliser que des vieux manuels pour le français, mais ils ont l’air plates.  Pourquoi les aimes-tu autant? Qu’est-ce que tu y retrouves qu’il n’y a pas dans un programme  comme «Au delà des mots » par exemple?  N’as-tu pas peur que tes enfants manquent quelque chose?» J’utilise les vieux manuels depuis toujours…  Je n’en parlais pas, tout simplement.

Par exemple, mes quatre enfants ont appris à lire avec un manuel que j’ai moi-même utilisé enfant «j’aime lire» de Simone Bussière.  Puis, ils ont utilisé les 2 manuels suivants «Je sais lire» et «je veux lire» pour la 2e et 3e année.  Chaque enfant en garde un bon souvenir!

Au fil du temps, chaque fois que je me rends dans une vente de livres usagés, je regarde toujours les vieux manuels… et je reviens très souvent avec de petits bijoux que j’utilise en classe-maison ensuite.

« mais ils ont l’air plates. »

hahaha 🙂

Effectivement, plusieurs manuels sont vraiment épouvantables!

Sérieusement, plusieurs vieux manuels québécois (1920-1970) étaient remplis de religion, surtout au primaire.  On y retrouve une tonne de textes sur les saints, les missionnaires, etc…  On proposait toujours des textes pour rappeler l’importance de croire, de pratiquer la religion, de grandir dans la foi et l’obéissance.  C’était, vraiment, trop.  Ce n’était pas des textes pour grandir spirituellement, c’était surtout des textes pour rappeler continuellement que plusieurs personnages ont fait de grandes choses.  Trop…  vraiment…  trop.  Par contre, au secondaire, c’était totalement différent.  Plusieurs manuels proposent une richesse littéraire vraiment exceptionnelle, et que dire des analyses!  C’est carrément autre chose.  Par contre, plusieurs vieux manuels européens sont merveilleux au primaire.

Un enfant qui ne connait que des manuels colorés, bien aérés, toujours imagés…  détestera probablement les vieux manuels.  On économisait l’espace jadis!  Les pages sont remplies et on y retrouve peu d’images.  Alors oui, dans ce sens, ils ont toujours l’air plates.

«Qu’est-ce que tu y retrouves qu’il n’y a pas dans un programme  comme «Au delà des mots » par exemple? »

J’y retrouve tout ce qu’il n’y a pas justement!!!

Des textes d’auteurs classiques, des textes riches en vocabulaire, des textes qui poussent à la réflexion, des textes écrit correctement, des textes en langage courant et non pas familier,…

La rigueur…  Plusieurs vieux manuels travaillent plusieurs textes chaque semaine, non pas un texte pour deux semaines comme au Québec!!!!!  On propose de longs exercices d’écriture, de réécriture, de recopie…  non pas des exercices «à compléter » comme la plupart des cahiers de grammaire québécois.  On prend le temps de travailler le vocabulaire, l’orthographe et même les dictées.  On utilise souvent des extraits d’auteurs pour faire un simple exercice sur les pronoms personnels!

J’aime l’idée d’utiliser «une phrase à conjuguer» au lieu de compléter un texte avec les bons verbes.  L’enfant travaille son orthographe et sa grammaire en parallèle.  J’aime aussi beaucoup les exercices de transcription que l’on ne retrouve absolument pas dans une méthode québécoise.

Exemple :Transcrire au présent, à l’imparfait, puis au futur simple : Le brouillard recouvrir tout, un voile épais ensevelir la plaine.

Ce genre d’exercice apporte une compréhension de la conjugaison qu’un remplissage de trou ne fait pas.

J’aime bien l’idée d’utiliser les textes lus comme base de travail en étude de la langue.  Cela permet de s’approprier le texte autrement et approfondir la compréhension qu’on en avait au départ.

«N’as-tu pas peur que tes enfants manquent quelque chose?»

Comme quoi?

La seule chose que je ne retrouve pas c’est le jargon typiquement québécois.  Alors tout dépend de la vision que l’on désire avoir.

Que veux-tu pour tes enfants?

Moi?

  • Qu’ils sachent écrire sans fautes avant la fin du secondaire et dès le début si possible. (comme mes deux plus vieux)
  • qu’ils enrichissent leur vocabulaire à partir des textes qu’ils auront lus;
  • qu’ils découvrent, en lisant les textes de la semaine, une vision «meilleure» de la vie;
  • qu’ils découvrent la beauté des mots, de l’écriture,…
  • qu’ils découvrent des auteurs qui les inspirent;
  • qu’ils travaillent rigoureusement sur plusieurs notions de base et qu’on y revienne régulièrement pour renforcer le tout;
  • qu’ils développent une façon de lire, comprendre, voir, écrire, etc… une méthode qui pourra durer dans le temps;
  • qu’ils mémorisent quelque chose chaque semaine;
  • etc…  etc…

Alors… mes enfants ne manqueront probablement de rien.  D’ailleurs, je propose de temps en temps des textes très «québécois» pour les préparer aux examens éventuellement.  Au Québec, les questionnaires de lecture sont très différents d’ailleurs puisqu’il y a beaucoup de « qu’as-tu appris », « qu’en penses-tu» «qu’aurais-tu fait à la place de» etc…  tout un «ressentir» qu’on ne retrouve pas ailleurs.

En résumé

Je comprends mieux pourquoi mon père, qui n’a qu’une 6e année, écrit sans fautes à 76 ans.  Pourtant, il n’écrit pratiquement jamais.  La rigueur au travail n’était pas la même que maintenant.  Quelle différence!

Les enfants d’avant ne s’attendaient pas à « s’amuser » en apprenant, comme les enfants d’aujourd’hui.  Ils faisaient ce qu’on leur demandait.  Apprendre, peu importe le manière, était un privilège qu’on a oublié maintenant.  Aujourd’hui, les livres doivent être légers, beaux, proposant des thèmes proches aux enfants,…  on ne les instruit plus, on essaie de leur plaire 🙂

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